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Avis fait le 17/01/2024
Note de : 5 / 5
Le mystère entourant la Pierre gravée à proximité du Monument aux Morts à Cagnoncles séclaire à travers une borne russe du XIXe siècle ornée de caractères cyrilliques, déchiffrés comme OTb Мобежa 50 верст, traduisible par De Maubeuge 50 versts (soit 53 km). Cette borne, utilisant la verst russe de 1,0668 km, perdura jusquà son abolition en 1918 au profit du système métrique.Lalphabet cyrillique, propre aux Slaves, soulève une question intrigante : pourquoi cette borne russe fut-elle érigée sur le territoire du village de Cagnoncles ? La réponse plonge dans un pan peu connu de lhistoire locale, remontant à la dernière campagne de Belgique de Napoléon Bonaparte en 1815.À la suite de son retour de lîle dElbe et de la défaite à Waterloo le 18 juin 1815, Napoléon abdiqua pour la seconde fois le 22 juin. Le 5 juillet, la France capitula, ouvrant la voie à linvasion des armées russes et alliées. De 1816 à 1818, les Anglais occupèrent les départements du Nord, les Autrichiens lEst, les Prussiens la Meuse, et les Russes, dont le quartier général se situait à Maubeuge, sétendirent le long de la frontière nord de la France.Dans un effort cartographique remarquable, les Russes gravèrent sur des bornes en pierre bleue, disséminées aux carrefours de la zone doccupation, les distances jusquà Maubeuge. Ces marqueurs, témoins dune époque révolue, étaient destinés à guider les déplacements dans cette région occupée. Le comte Fedor Rostopchine, gouverneur général de Moscou de 1812 à 1814, découvrit Maubeuge en 1818, témoignant de son caractère russe, avec ses habitants parlant rudimentairement la langue et adoptant les coutumes, boissons, et véhicules russes.Sous limpulsion du comte Vorontsov, des travaux cartographiques de grande envergure furent entrepris dans les territoires occupés par les Russes. À chaque manœuvre des troupes, des cartes topographiques détaillées furent réalisées pour les départements des Ardennes et de la Marne, ainsi que pour le territoire entre lEscaut et la Meuse, incluant Cagnoncles.Quelques-unes de ces bornes, vestiges précieux de notre patrimoine, subsistent dans les Ardennes, le Nord, et la Thiérache. À linstar de celle à Cagnoncles, ces témoins de loccupation russe entre 1816 et 1818 doivent être préservés et mis en valeur, constituant des reliques uniques de cette période historique méconnue.